Nouvelles
Apparu dans le site de "Protégez-vous" (29 juillet 2024)
La réparabilité est-elle vraiment à notre portée?
Pour 73 % des consommateurs, le premier frein à la réparation est la perception qu’un bien est irrécupérable en cas de bris, selon un sondage réalisé en 2021 par Équiterre, devant le coût trop élevé de la réparation par rapport au prix de l’appareil neuf (66 %).
Parfois, cela se justifie. « Pour certaines marques de cuisinières, des fabricants coulent une colle sur les cartes électriques, ce qui empêche de faire de la soudure », dénonce Mathieu Brassard, un entrepreneur qui, avec l’aide de trois techniciens, couvre la banlieue sud de Montréal. La seule solution est alors de racheter ladite carte pour entre 400 et 900 $ environ, un prix qui rebute souvent les clients.
Sylvain Lebel, spécialisé dans les électroménagers haut de gamme, observe que pour certaines marques standards, des pièces ne sont plus disponibles après seulement cinq ans, ce qui rend le bien irréparable. « Cela n’est pas normal! » peste-t-il.
« Dans nos tests, nous voyons des produits de mauvaise qualité, indique Clémence Lamarche, chef de l’équipe des tests de Protégez-Vous. Nous voyons aussi des appareils qui ne sont pas conçus pour être réparés. Le manque d’accessibilité des pièces de rechange plombe souvent la réparabilité de plusieurs appareils que nous avons évalués. »
Pour certaines mijoteuses, par exemple, le fabricant ne propose pas de couvercle de rechange. Vous pouvez ainsi être amené à jeter un produit parfaitement fonctionnel.
Le coût des réparations
Le plus compliqué pour Mathieu Brassard survient lorsque, pour un appareil électronique, il doit « présenter au client une estimation de 600 ou 800 $ pour une machine qui coûte 1 400 $ neuve ». Il arrive à répondre à 85 % des besoins, car il peut avoir des prix spéciaux auprès de ses fournisseurs. « Je suis pour l’écologie. Je n’accote pas souvent le prix de vente conseillé [par le distributeur] de la pièce, afin que mon client fasse le choix de faire réparer [l’appareil] », insiste-t-il.
Récemment, Mathieu Brassard s’est rendu chez une cliente pour réparer la partie arrière de la cuve d’une laveuse à chargement frontal, laquelle comptait trois ans de loyaux services. Il estimait que les travaux de réparation coûteraient 600 $, alors que le prix d’une machine neuve s’élevait à 1 200 $. « [Je lui ai conseillé] de ne pas la réparer, car un bris à cet endroit, pour certaines marques, veut dire que l’appareil est fatigué », dit-il. Il a plutôt suggéré à sa cliente d’acheter une laveuse d’une marque plus fiable.
Protégez-Vous intègre depuis quelques années la notion de réparabilité à ses tests de produits. Or le coût pour remplacer certaines pièces peut parfois faire sursauter. Quelques exemples? Le prix d’une pompe de laveuse peut varier de 45 à 250 $, selon la marque; un moteur, de 110 à 400 $; les roulements, de 155 à 975 $. « Pour certaines marques, quand on veut changer seulement le roulement d’une laveuse, il faut changer la transmission ou la cuve. La facture augmente et le consommateur va plutôt la mettre au rebut et en acheter une nouvelle. Idem pour les panneaux électriques, car il y a de plus en plus d’électronique; ils sont fragiles et brisent souvent. Les coûts de réparation montent en flèche », remarque Clémence Lamarche.
Hugo Girard - Homme fort canadien (17 mai 2024)